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Après notre série de promenades costumées au niveau de l'une des résurgences des sources de la Douix, des sources par ailleurs bien connues des protohistoriens par des dépôts votifs d'objets à l'époque hallstattienne (lire ici l'article de Veronica Cicolani, Émilie Dubreucq, Muriel Mélin, Pierre-Yves Milcent), nous nous penchons cette fois-ci sur les sources de la Seine dans la commune de Source-Seine. Le pays, traversé par le GR 2, est particulièrement propice aux promenades et découvertes botaniques. Nous avons profité d'un temps relativement couvert pour bénéficier d'une pleine tranquillité.

Bois sculpté des sources de la Seine, Musée archéologique de Dijon (photo Wikipédia).

Bois sculpté des sources de la Seine, Musée archéologique de Dijon (photo Wikipédia).

Au sud-ouest du territoire lingon, au niveau des sources de la Seine, s'y trouvait un sanctuaire, dédié à la déesse Sequana (le nom de la Seine en langue celtique), en activité au cours de la période gallo-romaine, du Ier siècle ap. J.-C. à la fin du IVe siècle. Les pélerins venus prier pour leur guérison venaient offrir à Sequana l'image de la maladie dont ils souhaitaient être débarrassés ou du membre malade qu'ils souhaitaient guérir (ou avaient réussi à guérir) : jambes, pieds, bras, mains, corps, têtes, troncs, bassins, organes internes... Ces ex-voto, ici surtout en bois de chêne, étaient ensuite déposés. Gorgés d'eau, ils ont ensuite été préservés des atteintes du temps grâce au phénomène de l'anaérobie. Ces ex-voto bien connus (plusieurs centaines au total), appartenant au second ensemble de ce type en France, en terme de taille, après le dépôt de la Source des Roches à Chamalières, ont été notamment étudiés par Simone Deyts.

Bois sculpté des sources de la Seine, personnage féminin (Haut. 1,49 m), Musée archéologique de Dijon (photo Wikipédia).

Bois sculpté des sources de la Seine, personnage féminin (Haut. 1,49 m), Musée archéologique de Dijon (photo Wikipédia).

DEYTS S., Ex-voto de bois, de pierre et de bronze du sanctuaire des sources de la Seine, art celte et gallo-romain, Musée archéologique de Dijon, 1966.

 

DEYTS S., Les bois sculptés des sources de la Seine, XLII supplément à « Gallia », Éditions du CNRS, 1988.

 

Aujourd'hui, ces ex-voto sont conservés au Musée archéologique de Dijon, dont nous vous recommandons d'ailleurs chaudement la visite.

Acuadulla, redoutable chasseuse de prunelles.

Acuadulla, redoutable chasseuse de prunelles.

C'est dans ce contexte, imprégnés d'images votives, que nous sommes sortis en quête de plantes comestibles...

 

Voici quelques unes des plantes glanées au cours de cette balade.

 

Le grand plantain (Plantago major), très commun, se trouve partout. Il est aussi comestible que le plantain lancéolé (voir article précédent). Il est préférable de le manger lorsqu'il est jeune, au printemps, car il est alors plus frais, plus tendre. Les feuilles accommodent en soupes ou se consomment en salades. Avec l'âge, les feuilles deviennent plus coriaces.

Grand plantain.

Grand plantain.

De la famille des Betulaceae, le noisetier ou coudrier (Corylus avellana), extrêmement commun dans les bois, les haies et les bords de rivière, est un arbre aux multiples usages. Ses noisettes sont consommées crues ou en huile, après leur récolte en septembre. Les fruits sont diurétiques, astringents, nourrissants. Ils sont riches en phosphore, magnésium, potassium et vitamine PP. La décoction de son écorce est employée en application contre les hémorroïdes ou pour faciliter la cicatrisation des ulcères variqueux. En infusion, ses feuilles favorisent la circulation veine. Les branches fournissent un bois souple aux nombreuses utilisations, comme par exemple la vannerie.

Noisetier.

Noisetier.

Les ronces ou mûrier sauvage (Rubus fructicosus), de la famille des Rosacées, poussent en taillis envahissants et vivaces, particulièrement tenaces. Haies infranchissables, clôtures pour le bétail. Les mûres sont astringentes, sont riches en vitamines PP, A, en fer et en pectine. Les feuilles sont employées en herboristerie, car leur infusion est astringente, recommandée contre les diarrhées et les leucorrhées. Les bourgeons sont un bon remède contre angines, aphtes, maux de gorge (elle est en cela prisée des fumeurs...). L'abondance des règles féminines peut être canalisée par l'infusion des fleurs. Ses tiges sont employées en vannerie sauvage.

Mûres.

Mûres.

La genièvre du genévrier commun (Juniperus communis L.) est une baie qui pousse sur une espèce d'arbuste aux feuilles épineuses de la famille des Cupressacées. Les baies parfument les plats, comme la choucroute, les pâtés ou les bouillies et potées (nous la mêlons à l'orge ou au chou). Elles sont appréciées pour leurs propriétés digestives.

Genévrier.

Genévrier.

Nous avons identifié beaucoup d'autres plantes, certaines non-attestées directement à l'Âge du Fer (nous n'en avons pas d'attestations paléobotaniques ou littéraires antiques), certaines avec d'autres usages que l'alimentation, comme par exemple les lichens ou l'achillée millefeuille, pour la teinture des fibres textiles, ou encore la saponaire, pour le lavage de la laine. Mais ceci est une autre histoire...

 

Tag(s) : #Bois, #Botanique, #Alimentation, #Vie du groupe, #Plantes, #Protohistoire et histoire
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