Si la langue gauloise - appartenant au groupe celtique continental - nous est beaucoup moins bien connue que le latin, par exemple, c'est surtout car les Celtes ont privilégié une culture orale, par choix culturel.
Les Gaulois n'ont pas développé d'alphabet propre. En revanche, ils ont utilisé les alphabets d’autres peuples ; en écrivant avec leur vocabulaire et leur grammaire.
Sept alphabets sont généralement retenus. Dès le VIIe siècle av. J.-C., on use, dans le sud de la Péninsule ibérique, d'une écriture semi-syllabaire empruntée aux Phéniciens. Au nord-ouest de l’Italie, parmi des populations de souche celtique, on emploie dès le VIe siècle av. J.-C. un alphabet d’origine étrusque : il s’agit de ce qui est – improprement – nommé le lépontique ou « alphabet de Lugano ». Les Celtes immigrés en Italie et installés au sud du Pô font usage d’un alphabet sud-picénien. On identifie également des lettres cursives, peut-être d’origine grecque. Dès le IIIe siècle av. J.-C., l’alphabet grec remonte le cours du Rhône à partir de la Provence, sous influence massaliote. L’alphabet latin, dernier alphabet employé par les Celtes pendant la période de l’Indépendance, est lui diffusé à partir de la première moitié du Ier siècle av. J.-C., en Gaule et chez les Boïens d’Europe centrale. Enfin, à compter du IIIème siècle ap. J.-C., et uniquement dans le contexte insulaire des Iles Britanniques, se développe l’alphabet ogamique.
S’il reste globalement insaisissable, cela ne signifie pas pour autant que le gaulois nous est totalement inconnu. Il se trouve encore tout autour de nous, dans notre vocabulaire ou dans la toponymie (nombre de nos localités ont un nom d’origine celtique). Cette redécouverte linguistique passe par les - rares - inscriptions qui nous soient parvenues. Des écrits qui sont souvent fragmentaires, brefs (les inscriptions dépassant les cinquante mots sont insolites) et somme toute mystérieux.
Des gravures dans la pierre ou des graffiti sur céramique, des mots sur de l'instrumentum métallique, des tablettes de defixio (malédiction écrite) ou des calendriers, des légendes monétaires, etc., voilà les artefacts avec lesquels il faut se frayer un chemin vers la connaissance du gaulois.
L'écrit est aussi envisagé « indirectement » par les objets liés à l'écriture. C'est ainsi que les oppida d'Europe centrale, comme Stradonice, Závist ou Staré Hradisko, ont livré des vestiges de tablettes de cire (tabula cerata), des styles et des boîtes à sceaux.
Voici par exemple quelques mots du français actuel qui sont issus de la langue gauloise :
Alisier
Alouette
Ambassade
Ardoise
Arpent
Auvent
Bac
Barre, barrière
Bec
Bercer
Blaireau
Borne
Bouc
Boue
Bouillon-blanc
Bouleau
Braie
Brigand
Briser
Bruyère
Caillou
Cervoise
Chamois
Char
Charpente
Charrue
Chêne
Claie
Craindre
Crème
Creux
Drap
Dru
Etain
Flanelle
Glaise
Glaner
Gober
Gosier
Gouge
If
Jambe
Jarret
Javelot
Lande
Lauze
Lieue
Luge
Mouton
Palefroi
Pièce
Quai
Raie
Roche
Ruche
Saie
Sillon
Soc
Souche
Suie
Talus
Tarière
Tonne, tonneau
Trogne
Truand
Truie
Vassal
Vouge
Quelques pistes bibliographiques :
DELAMARRE 2008 : DELAMARRE X., Dictionnaire de la langue gauloise : une approche linguistique du vieux celtique continental, Errance, Paris, 2008 (2ène éd. rev. corr. et augm.), 440 p.
DELAMARRE 2012 : DELAMARRE X., Noms de lieux celtiques de l'Europe ancienne : - 500 / + 500, Errance, Paris, 2012, 383 p.
DOTTIN 1920 : DOTTIN G., La langue gauloise : grammaire, textes et glossaire, Slatkine Reprints, Genève, 1985 (reprod. de l'éd. de Paris, 1920), 364 p.
KRUTA 2000 : KRUTA V., Les Celtes – Histoire et dictionnaire des origines à la romanisation et au christianisme, Bouquins – Robert Laffont, Paris, 2000, 1005 p.
LAMBERT 2003 : LAMBERT P.-Y., La langue gauloise : description linguistique, commentaire d'inscriptions choisies, Errance, 2003 (éd. rev. et aug.), 248 p.
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