Nous vous l'avions rappelé il y a peu de temps, l'essentiel du travail au sein de l'association Cerda - Artisanat, intégralement bénévole, se fait en coulisses. Nos membres étant passionnés, nous essayons de sourcer au maximum ce que nous exposons publiquement lors de nos épisodes de médiation culturelle (animations, interventions pédagogiques, articles, vidéos...). Ce travail de recherche, essentiel et souvent colossal, s'opère dans différents contextes, qu'il s'agisse d'être des rats de bibliothèques universitaires, de centres de recherches ou de petites souris de laboratoires de conservation-restauration, qu'il faille rencontrer d'autres professionnels (archéologues, historiens, artisans, agriculteurs, passionnés, etc.), qu'il suffise de zoner sur la toile en quête d'informations, qu'il soit nécessaire de traîner nos guêtres dans des lieux aussi divers que des ateliers, des musées, des archéosites, des écomusées, des centres de formation, etc.
En somme, nous accordons énormément d'importance à la formation continue, condition sine qua non de la transmission du passé la plus fiable possible. Pour espérer transmettre une bribe de notre patrimoine, il nous faut recréer, nous représenter, faire rejaillir une part importante du passé. Et pour cela, il est indispensable de chercher, d'apprendre, de comprendre une part encore plus vertigineuse ! L'imaginaire a évidemment une place, mais le cadre de l'évocation protohistorique et à plus forte raison de la reconstitution protohistorique, nous impose des jalons méthodologiques qu'il convient de respecter. (A ce titre, nous vous invitons à (re)lire cet article que deux membres de Cerda - Artisanat avaient rédigé en 2013 concernant les différences entre les notions d'évocation, de reconstitution et d'archéologie expérimentale, trop souvent confondues à tort par nombre de nos pairs.)
Vouloir réapprendre les artisanats laténiens, par exemple, impose de s'abreuver de connaissances, théoriques, techniques et sensorielles, de les digérer, d'en faire le tri et de les restituer sous une forme adaptée. Un exemple tout récent de ce type de formation vous est proposé par Statortavos, qui nous fournit un rapide compte-rendu d'une activité quelque peu singulière...
"Petite virée à l’Arboretum du Vallon de l’Aubonne (Suisse), réserve nationale présentant pas moins de 4'000 espèces d’arbres sur 130 hectares. Ses buts sont scientifiques et pédagogiques car il regorge d’espèces rares et méconnues. Mes recherches académiques et associatives sur l'artisanat du bois, mais aussi sur des questions telles que l'alimentation, me conduisent naturellement à fréquenter ce lieu.
Cet écrin de verdure accueille également le Musée du Bois qui présente les outils des métiers du bois et de la forêt. Ces outils sont la mémoire des artisans d’autrefois et proviennent pour la plupart d’une tradition séculaire. On y retrouve des outils déjà élaborés à l'époque celtique, dont les formes et les fonctions sont restées similaires jusqu'à une époque très récente, voire jusqu'à nos jours. En ce sens, il m'apparaît comme très pertinent d'aller observer cet outillage et d'y nourrir ma réflexion."
Atelier d’un menuisier. Vous pouvez apercevoir à gauche un jeu de percets ou tarières dont l’origine est gauloise. La plane existe à l'époque gauloise, tout comme le marteau, le compas ou les ciseaux à bois... même si leurs formes évoluent. Le rabot et la scie à cadre semblent n'apparaître qu'à compter de l'époque gallo-romaine.
Production d’un charron. Les artisans celtes étaient spécialement réputés pour leurs travaux de charronnerie alliant le bois et le fer avec une grande maîtrise.
L'araire, instrument aratoire par excellence, a été utilisé aux champs jusqu'à très récemment pour fendre la terre sans la retourner. Les modèles gaulois qui sont parvenus jusqu'à nous reprennent le même principe général. Nous nous penchons sur ces questions dans le cadre de nos travaux sur l'agriculture.
Suif de cave, utilisé pour rendre étanche la porte du fût ou un joint de douve. Le suif de cave est composé de graisse de mouton et de talc. La graisse d'ovidés est la seule graisse à même de supporter la pression du vin. Nous sommes toujours en quête de vieux procédés, qu'ils soient directement applicables à un artisanat, ou contiennent des informations réutilisables, un jour...
La scirpe des lacs. Le jonc des tonneliers est placé entre les douves du tonneau pour en assurer l'étanchéité. La tige, spongieuse et souple, est coupée en deux dans son épaisseur pour calfater les tonneaux. Ce jonc pousse dans les régions tempérées et froides de l'hémisphère boréal. Ce type d'information a du sens à nos yeux, aussi bien dans le cadre de nos activités sur la vannerie souple, la sparterie, les cordages, que dans celles concernant l'art de la boissellerie...
Un banc d'âne, l'établi-étau facilitant le travail du bois, de la sculpture à la menuiserie en passant par la facture d'arc ou la boissellerie. De tels dispositifs, non attestés dans le monde laténien, sont néanmoins représentés sous forme de surivances au tournant de notre ère, sur des bas-reliefs gallo-romains. Tout laisse à penser que, les Celtes, maîtres des métaux et de l'artisanat du bois, aient fabriqué de tels objets extrêmement commodes.
Le tour à bois... existait déjà à l'époque laténienne, même s'il ne se présentait pas sous la même forme. Des objets tournés ont été retrouvés dans les fouilles archéologiques : pieds de meubles, vaisselle en bois, etc.
"Si vous passez dans la région, n’hésitez pas à y faire un tour !"
Et tant qu'à faire, n'hésitez pas à rejoindre notre page asociative sur Facebook : https://www.facebook.com/Association-Cerda-Artisanat-530793510431590/?fref=ts